Soliloque en vase clos

Hier, le premier ministre a annoncé qu'on en prenait pour 15 jours de plus. Tout en précisant publiquement juste après que c'était sûrement sous-estimé mais qu'il ne fallait pas affoler les foules. Il est con d'origine ou c'est une posture pour rester chez En Marche ?

On en discutait de fenêtre à fenêtre avec les voisins. Au bout d'un moment, ils nous ont avoué qu'ils commençaient à craquer. Ils pensaient avoir deux jeunes enfants, et découvrent qu'ils sont pourvus de deux bulldozers en parfait état de marche.
Après 10 jours d'école par mail, mon voisin est persuadé que son fils aîné est con : il a abandonné l'idée de lui faire comprendre la division et va lui faire bouffer son cahier si le gamin lui demande encore une fois ce qu'est un dividende. Il envisage d'ailleurs sérieusement d'écrire au pape pour canoniser sa maîtresse.
Par mesure de rétorsion dès le troisième jour, il leur a déjà fait recopié 100 fois l'attestation de sortie.
La mère prie tous les jours pour qu'internet ne tombe pas en panne.
En fait, si j'ai bien compris ce qu'ils racontaient au milieu de leurs sanglots, c'est un peu comme la météo d'Evelyne Dheliat.
Enfants : 2. Ressentis : 12.

Ce virus a des effets pervers. J'ai lu dans une étude qu'il était prévu pour 2021 une hausse spectaculaire du niveau scolaire des parents. En tous cas, si les écoles restent fermées trop longtemps, c'est sûr, les parents trouveront le vaccin avant les scientifiques.

C'est un aveugle qui rentre dans un bar.
Puis dans une chaise.
Puis dans une table.

Aujourd'hui, j'ai eu mon père, 80 balais sonnés, au téléphone, comme 3 ou 4 fois par semaine. Il m'a encore dit, comme à chaque fois, qu'il était allé faire ses courses hier. Il sort donc tous les jours, il n'a rien compris aux règles de confinement. Ou plutôt, comme des tas comme lui, elles ne le concernent apparemment pas.
Quand je lui fait remarquer, il m'explique que oui mais c'est pour sortir les chiens (à Carrefour ??), pour ses médicaments, pour ceux de ma mère (séparément ??), qu'il faut bien aller chercher le pain...
L'autre jour, c'était pour acheter des plants, parce que "si tu veux oignons et petits pois plante-les à la Saint Benoît".

Mais ça M'ENERVE ! Il faut qu'ils arrêtent, tous, avec leurs dictons à la con.

La prochaine fois, je lui en propose un tout nouveau.
Pâques au respirateur, Pentecôte à l'incinérateur.

Non mais.

C'est Robert, un gros balaise, qui rentre dans son bar préféré. Il a les vêtements en lambeau et il est griffé de partout. Ses copains qui le voient dans cet état lui demandent ce qu'il lui arrive.
- Ben j'ai enterré ma belle mère, répond-il.
- Ah bon ? Mais pourquoi t'es dans un tel état ?
- Ben c'est qu'elle voulait pas !

On apprend qu'un peu partout, des mous de la coiffe voudraient que leurs voisins qui travaillent dans la santé déménagent parce qu'ils risquent de ramener le virus. Qu'ils le chopent en sauvant des vies c'est la moindre des choses vous comprenez, mais qu'ils fassent prendre des risques à leurs voisins, non mais vous vous rendez compte, où va-t-on ma pôv' dame ?

Ce pays n'a donc pas évolué depuis 80 ans : le rapport collabos/résistants serait le même aujourd'hui qu'en 40. La propagande aussi.

Travail, famille, pâtes-riz. Radio Vichy vous parle.

On stocke des denrées aussi vitales que des nouilles et du papier toilettes, le marché noir s'organise autour des masques et du gel hydro-alcoolique. C'est la guerre, c'est le mari de Brigitte qui l'a dit.

La différence cependant, c'est que De Gaulle n'aurait pas pu s'exiler en Angleterre, l'ennemi est déjà sur place. Et les américains seraient restés chez eux, comme les japonais et les italiens. Une guerre mondiale sans déplacements de troupes, c'est inédit.

Finalement, ce qui n'a pas changé, c'est que les parisiens, eux, se sont jetés sur les routes pour fuir en zone libre. En répandant abondamment le virus autour de leur résidence secondaire.
Non mais vous vous rendez compte, où va-t-on ma pôv' dame ?