Mai04

Confinement, jour 48.

Posté par Frank Admin le 04.05.20  ~  Posted in: Non catégorisé

Aaaaah, on aura même pas eu besoin d'attendre la fin de la pandémie pour voir le capitalisme effréné reprendre ses droits. Ouf, me voilà rassuré, j'ai cru qu'on allait devoir s'habituer à ce que l'économie de marché ne soit plus prioritaire sur la vie humaine. Pire : on est passé à ça, mais alors à ça, de voir l'indécence et l'immoralité devenir des reliques d'un autre siècle. On revient de loin.

Les grandes surfaces, plutôt que les pharmacies, qui veulent vendre des médicaments, c'est un refrain auquel Leclerc nous a habitué à grands coups de "on marche sur la tête". Rappelez-vous, cette histoire de fous, leurs docteurs en pharmacie avec 6 ans d'études (qui n'avaient pourtant pas été foutus de se faire embaucher dans une vraie pharmacie et se retrouvaient à devoir bosser chez Leclerc), n'avaient pas le droit de vendre du Doliprane. A "prix Leclerc", en plus. Non mais, on marchait sur la tête. Sur la tête.

Donc, forcing et lobbying oblige, ils ont finalement réussi à embobiner le gouvernement pour avoir le droit de vendre des masques. Vous savez, ce truc tellement technique que même une ministre ne sait pas l'utiliser. Bon.

Sans avoir un QI de 180, on ne manque alors pas de s'étonner, déjà, du fait que le gouvernement d'un pays à priori développé, avec les moyens qu'il est sensé avoir, s'est avéré piteusement incapable de trouver en trois mois assez de masques pour ses personnels les plus exposés, alors que la grande distribution libérééée delivréééée un 24 avril de l'interdiction d'en vendre, en trouve en moins d'une semaine par palettes de 200 millions, pour les fourguer à tous les pégreleux venus assouvir leur liberté d'acheter (à prix Leclerc !) des produits de première nécessité comme des chaussettes à petits pois, des mixers à smoothies ou du Coca light.
Et alors on se demandera pourquoi le gouvernement n'a pas fait appel plus tôt à l'extraordinaire efficacité commerciale de types qui approvisionnent n'importe quoi en moins de 6 jours à partir d'un stock zéro, juste en remplissant des bons de commandes ? Quel con, ce gouvernement.

Ensuite, passé le premier moment de stupeur, vient la question du prix. Je rappelle, est-ce utile mais oui je crois bien que oui, qu'on parle de dispositifs médicaux destinés à limiter l'expansion d'un virus dans le cadre d'une pandémie, et qui de plus, vont devenir obligatoires pour entrer dans des transports en commun, des administrations, voire certains magasins. Même dans les films de zombies issus de la très marchande industrie cinématographique hollywoodienne, je ne me souviens pas d'avoir vu des toubibs faire payer les piqûres d'antidotes administrées sous des tentes militaires et néanmoins sanitaires, à des foules hagardes fuyant devant une épidémie tueuse.

Puis, passé le premier écœurement de voir monétisés des dispositifs de protection nécessaires et bientôt obligatoires, on retient un nouveau spasme en entendant la grande distribution assurer que ce sera vendu "pour l'essentiel" à prix coûtant, pas cher vous verrez, allez on dit "autour" de 60 centimes pour l'instant et on en parle plus. Le problème avec eux, c'est souvent les "presque", ça n'a pas la même dimension que chez les gens du commun. "Presque" tous les masques à "presque" 60 centimes, ben tiens.

48 jours. C'est le délai d'incubation de l'obscénité mercantile. Et toujours pas de vaccin en vue.